Lien vers la boutique : https://www.etsy.com/fr/shop/RevolutionsdeParis
Fini les figures de la monarchie sur nos cartes à jouer ! Rois, Dames et Valets laissent place aux Génies, Libertés et Egalités !
Suite à une campagne Ulule couronnée de succès fin 2022, nous avons pu rééditer un jeu de l’an II, le jeu dit « Jaume et Dugourc » de 1793.
« Il n’est pas de républicain qui puisse faire usage (même en jouant) d’expressions qui rappellent sans cesse le despotisme et l’inégalité. Il n’était point d’homme de goût qui ne fut choqué de la maussaderie des figures des cartes à jouer, et de l’insignifiance de leurs noms »
Ces mots issus du brevet d’invention exposent l’idée générale que ce projet tente de reprendre : installer des symboles républicains dans nos loisirs et dans nos objets les plus anodins. L’heure est venue de mettre au placard l’imagerie réactionnaire, place aux jeux de cartes républicains !
Présentation des cartes
Ces cartes ont été fabriquées avec des matériaux écologiques (fibres recyclées et encres végétales) et produites à 100% en France (bois et carton français, transformations et assemblages en France)
A la place des rois… Les génies

A la place des reines…. Les libertés

A la place des valets… Les égalités

Les as sont la loi, au-dessus de tous

« Ainsi plus de rois, de dames et de valets; le Génie, la Liberté et l’Egalité les remplacent; la Loi seule est au-dessus d’eux »
Pourquoi cette réédition ?
Cette réédition a été pensée comme un baume au coeur de celles et ceux qui aspirent à la république sociale.
- Remettre d’actualité un objet historique délaissé. Remettre en circulation un jeu dont les principes n’ont jamais démérité.
- Questionner les représentations monarchiques classiques et l’inconscient qui se transmet dans les biens culturels ordinaires.
- Faire de la pédagogie. Pouvoir utiliser le jeu comme support de cours en enseignement d’histoire, dans les CDI, ou en famille. Réexpliquer les valeurs fondamentales qui ont porté la République française. Illustrer le décret de la Convention interdisant les symboles de la monarchie.
- Susciter des débats et des questionnements politiques autour de ces valeurs fondamentales. S’inspirer de la combativité de nos prédécesseurs sur des principes régulièrement bafoués de nos jours : La liberté de culte, l’égalité des droits, l’égalité des couleurs de peaux. Se rappeler aussi que ces acquis révolutionnaires ont été sans cesse attaqués et abimés et que c’est à nous, citoyens, de les défendre aujourd’hui.
- Contribuer à la bataille symbolique autour de la Révolution. Plusieurs symboles républicains révolutionnaires ont été captés par l’extrême droite et une fraction radicalisée de la droite française. Ces cartes nous rappellent que la Révolution est l’héritage de ceux qui aspirent à l’égalité et à la véritable liberté. Il nous appartient de le défendre contre toutes les récupérations réactionnaires.
Contre un nationalisme d’exclusion, pour une citoyenneté ouverte. Contre l’évasion fiscale, pour l’impôt comme honneur. Contre les politiques brutales envers les plus vulnérables, pour la solidarité inconditionnelle
Le joker révolutionnaire : Le mat au roi

Carte créée sous la direction de Pierre Serna, historien spécialiste de la Révolution mais aussi de l’histoire des cartes à jouer.
Lindor personnage authentique, ayant vécu à la cour du roi Stanislas de Pologne, établi à Nancy sous la protection de Louis XV, représente le lilliputien surnommé « Bébé » qui devint cruel en grandissant et qui fut alors appelé “nain-jaune” ou Lindor.
Cette image est extraire d’un plateau de jeu d’époque, réalisé par le cartier parisien Mandrou, ayant officié de 1769 à 1812 dans Paris. Il est donc fort probable que les joueurs parisiens qui ont manipulé ce jeu de cartes aient aussi joué au nain jaune, avec pour effigie « Lindor ».
C’est pourquoi nous avons décidé d’intégrer cette carte au paquet, avec le dessin d’époque et un titre d’invention qui évoque aussi bien la longue histoire de cette carte que la chute de la monarchie.
L’essentiel du jeu d’époque a été conservé (les figures, les couleurs, les sigles, les noms des figures…). Mais dans le soucis de toucher le plus grand nombre, nous avons également apporté des modifications pour rendre les cartes plus faciles d’accès
Modernisation du jeu
- Ajout d’un nouvel index : La principale modification est le rajout des lettres G, L et E pour Génie, Liberté et Egalité aux coins des figures. La version de 1793 ne les indiquait pas. Nous avons choisi ces lettres en remplacement des classiques R,D,V ou K, Q, J qui ne pousseraient pas les joueurs à s’interroger – tout le monde continuerait à appeler les cartes « rois », « dames » et « valets ». Nous voulons rester dans l’esprit du jeu révolutionnaire, sans nuire au confort de jeu. La typographie des trois lettres d’index est exactement la même que celle d’origine
- Ajout des cartes « nombres » : La planche originale fournit 16 figures, les 4 as et les 12 têtes. De nos jours, le paquet le plus utilisé et le plus versatile est le 52 cartes, c’est pourquoi nous avons complété la planche originale avec les cartes « nombres ».
- Ajout de deux cartes jokers « Le mat au roi » : Sous la direction de Pierre Serna, historien de la Révolution, nous avons créé une carte inédite qui vient parachever notre démarche de reconstitution historique. Plus d’informations plus bas
- Dos de cartes : Les jeux de l’époque avaient un dos de carte blanc sur lequel les gens finissaient par écrire leur liste de courses ou s’en servir comme pense-bête. Nous avons décidé de créer un nouveau dos de cartes pour ne pas dérouter les joueurs et empêcher que les cartes « marquent » trop facilement.
- Etui : Nous avons créé un étui de toute pièce, toujours dans l’optique de rendre le jeu attractif. Nous avons fait le choix d’un design à mi chemin entre l’ésotérisme, le naturalisme et l’art nouveau, pour que le paquet dégage une esthétique difficile à dater, qui évoque la Révolution dans son imagerie tout en reprenant des références plus contemporaines.
- Léger changement de format. Les cartes originales étant légèrement moins larges (8,1 cm par 5,4 cm), nous avons adaptés les nouvelles pour qu’elles donnent un format 6,3×8,9 classique.
- Les coins arrondis. Suite à une première édition à coins carrés, nous avons décidé de renoncer à cette fidélité historique pour favoriser la durabilité des coins arrondis
Enfin, nous avons ajouté à l’intérieur du paquet une petite notice historique qui vous donnera quelques éléments contextuels sur l’histoire du jeu et les grands principes révolutionnaires, écrite par Hugo Rousselle, doctorant en histoire et spécialiste de la Révolution.
Extraits de la Constitution de 1793, an II de la Liberté
Une magnifique définition de la citoyenneté
« Article 4. – Tout homme né et domicilié en France, âgé de vingt et un ans accomplis ; – Tout étranger âgé de vingt et un ans accomplis, qui, domicilié en France depuis une année – Y vit de son travail – Ou acquiert une propriété – Ou épouse une Française – Ou adopte un enfant – Ou nourrit un vieillard ; – Tout étranger enfin, qui sera jugé par le Corps législatif avoir bien mérité de l’humanité – Est admis à l’exercice des Droits de citoyen français. »
Un droit d’asile à rebours de sa conception actuelle
« Article 120. – Le peuple français donne asile aux étrangers bannis de leur patrie pour la cause de la liberté. – Il le refuse aux tyrans. »
Une égalité devant l’impôt
« Article 101. – Nul citoyen n’est dispensé de l’honorable obligation de contribuer aux charges publiques. »
Une solidarité inconditionnelle et sacrée
« Article 21. – Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler. »
Choisissons notre héritage politique ! La Constitution de 1793 peut en faire partie si nous le décidons. Elle incarne la beauté des idées des Lumières dans toute leur vigueur.
Les cartes dans la littérature
Les dieux ont soif d’Anatole France
Description de l’égalité de devoirs
« Cette fois pourtant, Gamelin, que la nécessité rendait ingénieux, venait de concevoir une invention heureuse et neuve, du moins le croyait-il, qui devait faire la fortune du marchand d’estampes, du graveur et la sienne ; un jeu de cartes patriotique dans lequel aux rois, aux dames, aux valets de l’ancien régime il substituait des Génies, des Libertés, des Égalités. Il avait déjà esquissé toutes ses figures, il en avait terminé plusieurs, et il était pressé de livrer à Desmahis celles qui se trouvaient en état d’être gravées. La figure qui lui paraissait la mieux venue représentait un volontaire coiffé du tricorne, vêtu d’un habit bleu à parements rouges, avec une culotte jaune et des guêtres noires, assis sur une caisse, les pieds sur une pile de boulets, son fusil entre les jambes. C’était le « citoyen de cœur », remplaçant le valet de cœur. Depuis plus de six mois Gamelin dessinait des volontaires, et toujours avec amour. Il en avait vendu quelques-uns, aux jours d’enthousiasme. Plusieurs pendaient au mur de l’atelier. Cinq ou six, à l’aquarelle, à la gouache, aux deux crayons, traînaient sur la table et sur les chaises. Au mois de juillet 92, lorsque s’élevaient sur toutes les places de Paris des estrades pour les enrôlements, quand tous les cabarets, ornés de feuillage, retentissaient des cris de « Vive la Nation ! vivre libre ou mourir ! » Gamelin ne pouvait passer sur le Pont-Neuf ou devant la maison de ville sans que son cœur bondît vers la tente pavoisée sous laquelle des magistrats en écharpe inscrivaient les volontaires au son de la Marseillaise. Mais en rejoignant les armées il eût laissé sa mère sans pain. »
La concurrence est rude
–Nos cartes à jouer offrent un contraste choquant avec l’état des mœurs. Les noms de valet et de roi offensent les oreilles d’un patriote. J’ai conçu et exécuté le nouveau jeu de cartes révolutionnaire dans lequel aux rois, aux dames, aux valets sont substituées les Libertés, les Égalités, les Fraternités ; les as, entourés de faisceaux, s’appellent les Lois… Vous annoncez Liberté de trèfle, Égalité de pique, Fraternité de carreau, Loi de cœur… Je crois ces cartes assez fièrement dessinées ; j’ai l’intention de les faire graver en taille douce par Desmahis, et de prendre un brevet.
Et, tirant de son carton quelques figures terminées à l’aquarelle, l’artiste les tendit au marchand d’estampes. Le citoyen Blaise refusa de les prendre et détourna la tête.
– Mon petit, portez cela à la Convention, qui vous accordera les honneurs de la séance. Mais n’espérez pas tirer un sol de votre nouvelle invention, qui n’est pas nouvelle. Vous vous êtes levé trop tard. Votre jeu de cartes révolutionnaire est le troisième qu’on m’apporte. Votre camarade Dugourc m’a offert, la semaine dernière, un jeu de piquet avec quatre Génies, quatre Libertés, quatre Égalités. On m’a proposé un autre jeu où il y avait des sages, des braves, Caton, Rousseau, Annibal, qui sais-je encore !… Et ces cartes avaient sur les vôtres, mon ami, l’avantage d’être grossièrement dessinées et gravées sur bois au canif. Que vous connaissez peu les hommes pour croire que les joueurs se serviront de cartes dessinées dans le goût de David et gravées dans la manière de Bartolozzi ! Et c’est encore une étrange illusion de croire qu’il faille faire tant de façons pour conformer les vieux jeux de cartes aux idées actuelles. D’eux-mêmes, les bons sans-culottes en corrigent l’incivisme en annonçant : « Le tyran ! » ou simplement : « Le gros cochon ! » Ils se servent de leurs cartes crasseuses et n’en achètent jamais d’autres. La grande consommation de jeux se fait dans les tripots du Palais Égalité : je vous conseille d’y aller et d’offrir aux croupiers et aux pontes vos Libertés, vos Égalités, vos…, comment dites-vous ?… vos Lois de cœur… et vous reviendrez me dire comment ils vous ont reçu !
Quatre-vingt treize de Victor Hugo
Aux Invalides les statues des saints et des rois étaient coiffées du bonnet phrygien. On jouait aux cartes sur la borne des carrefours ; les jeux de cartes étaient, eux aussi, en pleine révolution ; les rois étaient remplacés par les génies, les dames par les libertés, les valets par les égalités, et les as par les lois. On labourait les jardins publics ; la charrue travaillait aux Tuileries.